La côte normande, avec ses eaux riches et variées, offre aux passionnés de pêche en mer une multitude d’opportunités pour diversifier leurs techniques. Parmi celles-ci, la pêche au tenya s’impose comme une méthode particulièrement efficace pour cibler différentes espèces, notamment durant les périodes creuses. En tant que pêcheur expérimenté sur les côtes normandes, je partage aujourd’hui mon expérience et mes conseils pour débuter dans cette technique sans se ruiner.
Qu’est-ce que la pêche au tenya ?
Le tenya est une technique de pêche verticale d’origine japonaise qui connaît un succès grandissant en France, particulièrement sur nos côtes normandes. Cette méthode consiste à utiliser un leurre spécifique lesté qui imite parfaitement les proies naturelles des poissons comme les crevettes, les vers ou les petits poissons.
L’avantage principal de cette technique réside dans sa polyvalence : elle permet de cibler un large éventail d’espèces présentes en Normandie, des sparidés comme la dorade grise aux poissons prédateurs comme le bar, le turbo, la raie, la dorade, en passant par le lieu ou la vieille.
Pourquoi se mettre à la pêche au tenya ?
Plusieurs raisons peuvent vous pousser à explorer cette technique :
- Polyvalence exceptionnelle : Le tenya est sans doute l’une des techniques les plus multi-espèces qui existent en pêche en mer.
- Efficacité lors des périodes creuses : Quand les bars ou les lieus se font rares, le tenya continue de produire des résultats avec d’autres espèces.
- Précision inégalée : La pêche verticale permet un contrôle parfait de la présentation du leurre.
- Sensations directes : La détection des touches est immédiate grâce au matériel spécifique.
- Budget abordable : Contrairement à d’autres techniques spécialisées, il est possible de débuter avec un équipement de qualité sans se ruiner.
L’équipement idéal pour débuter le tenya en Normandie
La canne : l’élément clé
Pour une première approche du tenya sur les côtes normandes, je recommande une canne spécifique mais abordable. La Daiwa Legalis Tenya (modèle 802ML) représente un excellent compromis qualité prix, disponible pour moins de 60€. Avec ses 2,40 mètres et sa puissance de 10-46g, elle offre plusieurs avantages essentiels pour nos eaux normandes :
- Un scion ultra-sensible : La particularité de cette canne réside dans son scion extrêmement souple qui permet de détecter les touches les plus subtiles des dorades grises et autres sparidés fréquents sur nos côtes.
- Une bonne réserve de puissance : Les fonds normands abritent parfois de beaux spécimens (bars, lieus, raies) qui nécessitent un blank capable d’encaisser leurs rushs puissants.
- Une longueur adaptée : Les 2,40 mètres permettent de pêcher confortablement depuis les digues, jetées et bateaux qui sont nos postes privilégiés en Normandie.
Si vous voulez casser la tirelire, personnellement j’utilise la canne daiwa saltiga slow jigging dont l’action est très souple mais qui s’avère très efficace.
Le moulinet : fiabilité avant tout
Pour compléter la canne, un moulinet de taille 3000 est parfaitement adapté. Un stradic de chez Shimano en taille 3000 (ou 5000 pour les plus musclés) fera parfaitement l’affaire.
- Fluidité suffisante pour les animations verticales
- Robustesse face aux embruns salés de la Manche
- Frein précis pour les combats avec les dorades et les bars
La ligne : la tresse colorée, un allié indispensable
Pour pratiquer efficacement le tenya en Normandie, je recommande vivement une tresse en 0,10 mm (PE 0.6 ou 0.8) avec un code couleur tous les 10 mètres. Cette caractéristique est cruciale car :
- La pêche au tenya se pratique principalement sur le fond
- Connaître précisément la profondeur permet d’adapter ses animations
- Les changements de couleur facilitent la lecture de la dérive et des courants, particulièrement forts sur nos côtes
Une bobine complète de tresse de qualité représente un investissement d’environ 40-60€, mais c’est un élément à ne pas négliger pour maximiser vos chances de succès.
Les leurres tenya : imiter les proies locales
Le Madai Sutte R de Duel
Ce leurre japonais est une valeur sûre pour débuter le tenya sur les côtes normandes. Conçu pour imiter les petits poissons et céphalopodes, il est particulièrement efficace sur les dorades grises, bars et lieus qui peuplent nos eaux. Pour les petits fonds normands (jetées, digues), je recommande les grammages de 15 à 30g. Mais n’hésitez pas à monter au delà si vous avez besoin d’aller profond ou de tenir le fond.
Le Tenya Crevette
La crevette (ou bouquet) étant une proie particulièrement présente et appréciée des poissons en Normandie, les leurres imitant ces crustacés sont redoutables d’efficacité. Ces modèles se caractérisent par :
- Une tête plombée spécifique permettant une nage naturelle
- Des lanières en silicone imitant les pattes du crustacé
- Une coloration adaptée aux eaux souvent troubles de la Manche
Les techniques d’animation spécifiques à la Normandie
La pêche au tenya nécessite des animations précises pour déclencher les attaques des poissons méfiants comme la dorade grise, espèce emblématique de nos côtes normandes.
L’animation « contact-fond »
Cette technique consiste à :
- Laisser descendre le leurre jusqu’au fond
- Remonter légèrement la canne pour décoller le leurre du substrat
- Réaliser de petites secousses en gardant le contact avec le fond
- Marquer des pauses régulières qui déclenchent souvent les touches
Cette animation est particulièrement efficace sur les fonds sableux ou mixtes que l’on trouve fréquemment le long du littoral normand.
La technique de la « remontée lente »
Pour les zones rocheuses ou à fort relief (nombreuses en Baie de Seine ou dans le Nord-Cotentin), je préconise :
- Une descente contrôlée jusqu’au fond
- Une remontée très lente entrecoupée de pauses
- De légères vibrations du scion pour donner vie au leurre
Cette méthode permet d’éviter les nombreux accrochages tout en restant attractif pour les prédateurs qui chassent entre deux eaux.
Les spots normands idéaux pour débuter au tenya
La Normandie offre de nombreux spots propices à l’apprentissage de la pêche au tenya :
- Les jetées de Dieppe, Le Havre ou Cherbourg : Ces structures offrent des profondeurs variées et abritent de nombreuses dorades grises et bars.
- Les digues du Cotentin : Particulièrement productives pour les sparidés et les labridés.
- Les plateaux rocheux de la Côte d’Albâtre : Idéaux pour cibler lieus et vieilles au tenya.
- Les zones portuaires : Souvent riches en petits prédateurs et faciles d’accès pour s’exercer.
- Les dunes sous-marines pour les poissons plats
Les espèces-cibles du tenya en Normandie
Cette technique permet de cibler efficacement :
- La dorade grise : Espèce emblématique de nos côtes, particulièrement réceptive au tenya
- Le bar : Prédateur recherché qui se laisse tenter par les tenyas imitant les petits poissons
- Le lieu jaune : Souvent présent autour des structures portuaires et épaves accessibles
- Les vieilles et autres labridés : Espèces colorées qui peuplent nos côtes rocheuses
- Les tacauds et autres gadidés : Poissons opportunistes qui mordent volontiers sur cette technique
Conseils pour réussir ses premières sessions tenya en Normandie
- Privilégiez les périodes de faible courant : Les marées de mortes-eaux sont idéales pour débuter.
- Soyez attentif aux touches subtiles : Contrairement aux techniques de lancer-ramener, le tenya génère souvent des touches très discrètes.
- Adaptez le grammage aux conditions : Sur nos côtes, les courants peuvent être puissants et nécessiter des modèles plus lourds.
- Alternez les leurres : Les préférences des poissons peuvent varier selon les jours, même sur un même spot.
- Explorez différentes profondeurs : Les poissons ne sont pas toujours collés au fond, notamment lors des périodes de fortes chaleurs estivales.
Conclusion : le tenya, une technique d’avenir en Normandie
La pêche au tenya représente une excellente opportunité pour diversifier ses approches sur le littoral normand. Avec un investissement raisonnable (environ 150-250€ pour un équipement complet de qualité), cette technique japonaise offre des possibilités multiples tout au long de l’année.
Son efficacité sur les espèces résidentes comme la dorade grise en fait une méthode particulièrement intéressante pendant les périodes creuses, lorsque les prédateurs migrateurs se font plus rares. En tant que pêcheur normand passionné, je ne peux que vous encourager à l’explorer – vous serez surpris par sa redoutable efficacité et le plaisir qu’elle procure !
N’hésitez pas à partager vos expériences et poser vos questions dans les commentaires. La pêche au tenya étant encore relativement nouvelle sur nos côtes, chaque retour d’expérience enrichit la communauté des pêcheurs normands.